J’étais un simple berger quand le Seigneur m’a choisi pour être prophète et annoncer sa Parole ». Cette phrase est du Prophète Amos… que l’Abbé Trullard aimait bien et dont il parle dans son testament spirituel.

Ce prophète Amos était un paysan, un berger, un homme simple et modeste, mais profondément croyant, que Dieu choisit un jour pour être son prophète et envoya parler à son peuple…

L’Abbé Trullard retrouvait dans les paroles de ce prophète les sentiments qu’il avait lui-même éprouvés lorsque, jeune agriculteur, engagé déjà dans le travail, il envisageait la possibilité de devenir prêtre.

Originaire de Fretterans, dans le canton de Pierre-de-Bresse, il était issu du monde rural. Il était né dans une famille nombreuse, qui comptera  13 enfants… Sa voie semblait tracée : il serait agriculteur.

Mais nous voici en 1939, et ce n’est pas une très bonne année pour fêter ses 20 ans. Il fait son service militaire, participe quelques mois à la guerre ; il est emporté dans la débâche et se retrouve dans les Pyrénées, enrôlé dans les premiers Chantiers de Jeunesse. Ce furent, pour lui et ses camarades, des jours d’épreuves qu’il évoquera souvent.

Il revient enfin à Fretterans, reprend sa place dans la ferme, où il travaille avec son père et quelques-uns de ses frères et sœurs. C’est la grande époque de le J.A.C. Bien sûr, il en fait partie et s’occupe activement des jeunes du mouvement. C’est là, certainement, qu’on peut déceler les premiers signes de sa vocation. L’appel de Dieu se fait entendre pour lui vers les années 47-48. « Mais comment, Seigneur, pourrai-je répondre à ton appel, moi qui ne suis qu’un berger ? ». Le Prophète Amos aussi a hésité…

René Trullard passera huit années au grand séminaire pour terminer le cycle complet des études et de la préparation spirituelle en vue du sacerdoce. Il sera ordonné prêtre en 1957.

Les décisions épiscopales sont, comme les desseins de la Providence, parfois impénétrables, surprenantes en tous cas : lui, le berger, l’agriculteur, voici qu’il est nommé vicaire à Montceau-les-Mines, dans le Bassin Minier.

Il va lui falloir s’adapter à ce monde très nouveau pour lui. Il restera vingt ans, en changeant une ou deux fois de paroisse, mais toujours dans ce milieu ouvrier qui lui devient vite familier et où il saura se mettre à l’écoute des gens. C’est un prêtre qui a du bon sens, du jugement, de la patience et une grande charité. Les ouvriers y sont sensibles et apprécient ce prêtre venu du monde rural, ce berger choisi par le Seigneur, dont la foi est exemplaire, dont ils voient le dévouement et en qui ils reconnaissent les qualités d’un vrai pasteur.

En 1977, le voici à Charolles, où il passe trois années comme vicaire dans une équipe de secteur. L’adaptation lui est plus facile car il retrouve, sinon la campagne, du moins un milieu marqué par l’environnement rural. C’est en 1980 qu’il commence son ministère à Vendenesse, avant d’être nommé responsable de la paroisse en 1981. Près de dix années avec les habitants de Vendenesse, qui l’ont très vite adopté et aimé.

Eglise d’Autun  Père Pierre Baroin