Décès du Père Paul Terrel

Le Père Paul Terrel est décédé le mardi 28 octobre 2014 dans sa 90^e année et 66 ans de sacerdoce. Les obsèques ont eu lieu le jeudi 30 octobre 2014 à 15 h 30 en l’église de Briant.

Sa famille, ses amis ainsi que des représentants du Diocèse étaient présents à la cérémonie.

 

Adieu à Paul Terrel

Une fois n’est pas coutume. C’est un témoignage à deux voix que nous vous proposons pour rendre hommage à la mémoire du Père Paul Terrel, celles du Père Bernard Veaux et du Père Gérard Godot.

Nous voilà réunis par l’adieu à Paul Terrel dans cette église qu’il a servie pendant plus de 50 ans… Et vous voulez tout spécialement l’accompagner, vous ses proches, sa famille bien sûr, mais aussi les paroissiens de Briant, Semur, Oyé, Sainte Foy, Ligny et bien d’autres de cette terre Brionnaise qu’il avait adoptée. On m’a demandé de dire un petit mot sur lui car il est, en quelque sorte, entré dans ma vie, il y a aussi plus de 50 ans… avant son arrivée à Briant ! Depuis ces lointaines années, les contacts se sont beaucoup espacés mais je ne l’ai jamais oublié. Aussi, me permettrez-vous de m’adresser à lui très directement et simplement pour évoquer quelques aspects de sa vie.

Paul, tu m’as accueilli à l’aumônerie et au foyer des lycéens de Chalon-sur-Saône, en 1956 je crois. Je sortais de Rimont ; j’étais interne. Par ton accueil, par les responsabilités que tu as su me donner à ce moment-là et par la qualité intellectuelle que tu manifestais, tu m’as vite séduit – si je puis dire – et, quelques mois après avoir quitté le petit séminaire, tu as su éveiller et accompagner ma vocation au sacerdoce… À travers toi, je découvrais la passion de l`annonce de l’Évangile.

Les cours d’instruction religieuse (comme on disait) dans le cadre du lycée lui-même m’ouvraient des horizons magnifiques. Et tu savais, au-delà des études bibliques, nous intéresser aussi à la vie de la société… Sous ton impulsion, nous éditions un petit journal lycéen à destination de tous, et consacré largement à nos études à venir et à notre orientation professionnelle. Maintenant, dans de petites équipes de J. E. C., nous apprenions le lien entre la foi et la vie.

En été, tu avais imaginé une formule de camp qui nous initiait de façon ludique à l’instruction civique : c’étaient les Républiques Roulantes où la cinquantaine de jeunes pérégrinant en car pendant 15 jours à travers la France, apprenait les arcanes de la démocratie, de la justice et… des finances ! Cette formule a d’ailleurs longtemps survécu à ton départ de Chalon, notamment grâce au Père E. Duhesme qui était venu te rejoindre à l’aumônerie des lycées.

C’est à travers tout cela – je crois que le Seigneur m’a fait particulièrement signe… et qu’après quelques années d’études, j’ai décidé d’entrer au séminaire…

Si je rappelle ces vieux souvenirs personnels, c’est parce que, à mon avis, ils évoquent bien un aspect de ta personne que tu as su mettre ensuite au service de bien d’autres gens. Tu avais un talent fou. Ce talent s’exerçait d’abord dans la qualité de ton travail intellectuel. Cela donnait de l’air, cela ouvrait des perspectives… et pour en donner un exemple concret, je laisse Gérard Godot donner un témoignage personnel…

Cette réflexion, cette liberté d’esprit, Paul, tu les as toujours mises en œuvre ici, sur cette terre Brionnaise, à travers des homélies de haut niveau, à travers tes articles dans le bulletin local, à travers l’imposante recherche que tu as faite au moment où l’on mettait en place les Assemblées Dominicales en l’Absence de Prêtres, ainsi que les célébrations pénitentielles.

Cela ne t’empêchait pas de travailler de tes mains. Et, là aussi, avec beaucoup de talent. Tu as réalisé les vitraux de la chapelle du Montsac, tu as fait des rénovations dans les églises, tu as animé de petits ateliers pour fabriquer des émaux…

Et tu as continué d’organiser des voyages d’enfants de chœur originaux, dont certains de tes paroissiens actuels ont gardé de merveilleux souvenirs.

Mais voilà, l’autre grand aspect de ta vie… je dirais que cela a été un peu « le mystère ».

Tu étais peu expansif… tu ne disais presque rien de toi-même… sauf peut-être dans ta famille… et quel que soit notre respect pour Briant et les clochers voisins, nous nous demandions toujours pourquoi, un jour, tu as décidé de t’enraciner définitivement ici… Tu m’as dit un jour que tu partagerais jusqu’au bout la vie de tes paroissiens, et que ta dernière demeure, pendant la retraite et au jour de ta mort, c’était là, avec eux, au milieu d’eux.

Souvent, beaucoup s’étonnaient de voir tes talents ainsi enfouis au lieu d’être mis à profit pour le bien de l’Église et de tes frères… Mais – même si au départ tu ne l’avais peut-être pas choisi comme cela -tu as choisi ce qu’on peut appeler un enfouissement… reprenant en quelque sorte l’exemple du grain de blé et celui de l’incarnation du Christ ton Seigneur.

Dans cette situation toute simple :

– Tu as eu néanmoins un service apprécié à l’aumônerie des jeunes de Marcigny.

– Tu as assuré le service des messes et des célébrations religieuses.

– Et tu as eu tout spécialement le souci des malades, leur rendant souvent visite à l’hôpital de Paray-le-Monial, et plus loin encore.

Malgré cela, le mystère t’accompagnait toujours un peu. Par tes origines, par ta culture, par ton tempérament, tu maintenais toujours une certaine distance… et c’est sans doute un peu du regret de beaucoup ici de ne pas avoir pu nous ouvrir à cette part de mystère que tu portais.

Maintenant, Paul tu es dans la lumière de Dieu…

Ce Seigneur que tu as inlassablement cherché

Ce Seigneur qui a été ton compagnon de route tout au long de ta vie, et spécialement au long de ton ministère de prêtre.

Ce Seigneur qui t’a comblé de talents.

Ce Seigneur qui connaît aussi ta fragilité et ton secret… et qui, aujourd’hui, t’offre généreusement son pardon.