La vie de Guy Rizet et la mienne se sont croisées à la rentrée d’octobre 1946 au grand séminaire d’Autun, dans la section des « vocations adultes » où Guy entrait, arrivant de l’Ecole Hôtelière de Paris. En ce temps-là, au Grand Séminaire, s’étaient créées des équipes de services : sociaux, jardiniers.

Pour Guy et son équipe, le nettoyage de la Maison du Séminaire. Après l’Occupation, couloirs, escaliers, cuisine et plonge avaient besoin d’un sérieux « coup de torchon ». Guy était notre responsable. En six ans, le séminaire était – presque – propre ! Son expérience de cuisinier lui permettait d’aider Sœur Marthe à la pâtisserie pour les jours de fête. La Sœur était contente quand Guy se mettait à chanter de sa chaude et belle voix. Guy participait activement à la veillée de Noël ou au théâtre à la fin de l’année : Noël sur la place, Meurtre dans la cathédrale, Le locataire du 3e sur la cour, etc. Tout cela ne l’empêchait pas de suivre assidûment les cours et même de les recopier pour moi qui étais au sana en 51-52. Il me les envoyait régulièrement.

Guy a été ordonné le 21 juin 1953, puis nommé vicaire à Charolles, tout en desservant Champlecy, dont voici le témoignage d’une paroissienne : « Le départ du Père Rizet ravive le souvenir que nous gardons de ce prêtre, souvenir reconnaissant et respectueux de cet homme qui a passé sa vie au service du Seigneur et qui avait su par son entrain dynamiser notre petite paroisse. Nous redisons le psaume qu’il nous a fait chanter avec beaucoup de ferveur, « Le Seigneur est mon Berger ».

Dans toutes les paroisses où il est passé, Guy s’est appliqué à embellir les églises, tenues toujours très propres et impeccables. Sa voix entraînait les chants des communautés pour lesquelles il avait le souci de célébrer dignement les Offices, dans la beauté, pour le Seigneur. Il a quitté Ciry-le-Noble et Pouilloux en 1996, fatigué par la maladie qu’il a portée avec courage, avec le sourire et cette dignité que certains prenaient pour de la fierté. C’était son tempérament. Mais tous les amis du cours aimaient se retrouver avec lui, il nous régalait de bons petits plats et nous chantait de sa voix prenante les chants d’autrefois. Il n’a pas pu venir à la dernière réunion de cours. Il est décédé assez rapidement le 17 septembre dans l’ambulance qui l’emmenait aux urgences.

A l’infirmière qui le soignait Guy a dit l’avant-veille de sa mort : « On continuera la conversation là-haut ». Et voici la dernière phrase écrite par Guy : «  Heureusement qu’il y a Dieu. Avec lui, tout est différent. Au revoir ! ».  Oui, Guy, à notre revoir !

Eglise d’Autun – François Rizet