1909 : Naissance le 19 octobre
1936 : Ordonné prêtre
Vicaire à Marcigny
1941 : Curé d’Igornay et vicaire économe de Barnay et de Voudenay
1986 : Décède le 14 octobre
1941… 1986 ! 45 ans de présence et de travail profond et sans bruit, à Igornay, ce petit coin du Morvan. N’est-ce pas déjà un record ? A eux seuls, ces chiffres traduisent déjà un trait essentiel de la personnalité du Père Prost. La durée… et la modestie. Un effacement… un « enfouissement dans le quotidien de tout le monde » comme aimait le dire Charles de Foucauld.
Les paroissiens d’Igornay se souviennent, sans doute, de ce prêtre, en bleu de travail, tronçonneuse en mains, dans sa coupe de bois, en pleine forêt. La vie des gens, c’était aussi la sienne. Tant que cela lui fût possible.
Il n’aimait pas les « gros plans » de la notoriété. Sa place, bien à lui, c’était au « second plan » ! D’où cette simplicité terrienne qui émanait de ses contacts avec les autres. « Non pour être vu des hommes, dit l’Evangile, mais de Dieu seul, qui voit dans le secret ». Il était sans indulgence pour tous ceux qui, dans nos sociétés plus ou moins factices, veulent tout avoir… croient tout savoir… et paraître autrement qu’ils sont ! Bien d’accord, en cela avec la Bible qui dit que « tout cela est vanité ». C’est-à-dire insignifiance et vide.
Cette simplicité le poussait, sur le plan pastoral, à prendre avis et à demander conseil. Souvent ! Quitte pour lui, en vrai Bressan de naissance… et en Morvandiau d’adoption, d’agir, par la suite, comme il l’entendait. C’est-à-dire « à sa tête ». Et on le comprend bien : on est un peu tous comme çà Il y avait chez lui, comme une sorte de rigueur de pensée qui le poussait à faire consciencieusement, ce qui est « droit et règlementaire ».
Ne laissant rien à l’improvisation, il nous lègue, écrites de sa main d’une belle écriture, comme celle d’un instituteur primaire d’autrefois, ses homélies, la transmission de l’Evangile, lu et médité.
Mais, il nous lègue surtout l’exemple d’une vie, au milieu des siens… simplement et longtemps.
A tous ceux qui, à l’exemple de Pierre, auront tout quitté pour Lui et l’Evangile, le Seigneur promet des tas de choses… C’est ce qu’il appelle le centuple. Au fond, la certitude de la joie et du bonheur assortis d’une bonne mesure de « persécutions ».
Et nous savons qu’elles existent encore, dans le monde d’aujourd’hui, sur notre planète, les persécutions ! Non seulement, celles qui se traduisent par les violences, mais aussi d’autres, plus sournoises, que Jean-Paul II évoquait dans sa dernière lettre aux prêtres du Jeudi Saint en parlant de Jean-Marie Vianney. Leurs racines en sont toujours l’intolérance ou la jalousie.
Notre époque, dans son ensemble, vole bas ! Le Père Prost disait souvent : C’est toujours le mélange déconcertant de l’ivraie et du bon grain. Souvent plus d’ivraie que de blé. Pourquoi s’en étonner ? C’est ce que le Seigneur a rencontré, lui-même. Notre réponse : voler un peu plus haut que notre monde, non par mépris ou je ne sais quel sentiment de supériorité, mais pour lui démontrer, sans équivoque, qu’il se trompe et dérive hors des sentiers de l’Evangile. Le Père Prost parlait souvent de cela dans nos rencontres du mardi, chaque semaine.
Ses deux dernières joies, toutes récentes : Lourdes, où il aimait se rendre chaque été avec un groupe de notre secteur. Et cela, depuis son temps de vicariat à Marcigny, sauf interruption de la guerre. C’étaient ses vacances. Il ajoutait : « Ca me sert de retraite. Qui mieux que Marie peut apprendre aux chrétiens à déchiffrer le plan de Dieu et à s’y insérer humblement dans la Foi ? ».
Et, fin juillet, Rome, où malgré une fatigue très apparente déjà, on le sentait si heureux de ce pèlerinage aux sources de notre Espérance. Là-bas, nous avons relu la lettre de Pierre à tous les Chrétiens : « Ce Jésus, vous l’aimez… sans l’avoir jamais vu, vous croyez en lui… sans Le contempler encore. Déjà vous tressaillez d’une joie indescriptible, sûrs d’atteindre de but de votre foi ».
Eglise d’Autun – Père Georges Jondeau