Je voudrais surtout témoigner de ma joie d’être prêtre. Une joie qui a commencé au grand séminaire… avec des études au rythme de Vatican II, avec toute l’ouverture qu’il représentait, le dynamisme qu’il engendrait, les espoirs qu’il suscitait. Cela restera une constante dans ma manière d’être prêtre.

Joie d’un premier poste : vicaire à St-Henri du Creusot pendant sept ans, accompagné dans mes premiers pas dans le ministère par deux curés et deux prêtres auxiliaires, une vie d’équipe agréable, accompagné par des paroissiens bienveillants et très proches, qui œuvraient sur la paroisse.

Mon deuxième poste sera celui de curé à St-Eugène du Creusot et dans quelques villages alentours durant douze années. Là, malgré quelques difficultés rencontrées dans une vie d’équipe pas toujours facile : vivre avec des confrères dépressifs, n’est pas simple ! j’ai pu vivre cette période avec bonheur grâce au soutien des prêtres de la paroisse voisine, et là encore, avec le soutiens des chrétiens qui ont su prendre des responsabilités et leurs responsabilités dans tous les domaines de la vie paroissiale. Je leur faisais confiance.

Après ces 19 années passées au Creusot, après avoir partagé dans la même maison, le même presbytère, la vie avec les confrères, ma nomination à Digoin fut la bienvenue. « Enfin seul ! », oserais-je dire ! Seul dans un vaste presbytère, pouvant recevoir ma famille comme je le voulais, mais pas seul dans l’exercice du ministère partagé alors avec un confrère qui logeait sur une autre partie de la ville. Nous nous retrouvions pour manger ensemble, réfléchir ensemble à la pastorale à mener, là encore toujours bien épaulé par des équipes de laïcs responsables.

A ces sept années passées à Digoin, ont succédé sept années à Génelard-Palinges, avec la joie de procéder à la création de la grande paroisse : faire travailler ensemble six petites paroisses dans une seule : la paroisse de la Sainte-Famille en Nord Charolais a été un challenge motivant et une joie de voir se rapprocher des chrétiens qui, spontanément, auraient préféré rester chacun dans son coin.

Et puis il m’a fallu franchir la Saône, venir habiter à St-Germain-du-Bois, poursuivre la mission dans cette paroisse de la Sainte-Trinité en Bresse érigée depuis peu (une promotion après la Sainte-Famille !), en collaboration avec Marcel Collaudin surtout, et bien évidemment les équipes de laïcs déjà en place et dont la collaboration et l’amitié sont si précieuses. Et vraiment, c’est bien cela qui, avec l’Eucharistie quotidienne, m’a aidé à vivre dans ma vie de prêtre, m’a donné cette joie et ce bonheur d’être prêtre, quelles que soient les difficultés ou les changements dus aux mentalités d’aujourd’hui.

Décès du père André Moireaud

Le père André Moireaud est décédé le mercredi 29 mai 2019 dans sa 79e année et 51 ans de sacerdoce. Ses obsèques religieuses ont été célébrées en l’église Notre-Dame de la Paix à Mâcon, à quatorze heures trente, le mercredi 5 juin 2019. Sa famille ainsi que des représentants du diocèse d’Autun assistaient aux funérailles.

Hommage au Père André Moireaud
Le mercredi 5 Juin 2019 à Notre-Dame-de-la-paix de Mâcon

Père André, vous, un roc, un piler, vous vous en êtes allé, nous laissant désemparés et dans la peine. . Vous avez rejoint Celui à qui vous avez consacré votre vie, Celui qui était votre raison de vivre, Celui que vous avez annoncé.
Pendant 15 ans, vous fûtes notre pasteur, dans la grande paroisse de la Sainte Trinité en Bresse, composée de 23 villages. Je ne suis pas sûre que la Bresse vous attirait spécialement lorsque vous êtes arrivé, mais tel était le lieu de votre ministère.
Je vous ai tout spécialement côtoyé dès votre arrivée à Saint Germain du Bois puisque je fus animatrice laïque en pastorale avec mission en catéchèse et une implication dans la pastorale. Par conséquent, Il nous a été donné de travailler ensemble dès votre arrivée, ce qui n’était pas forcément évident au départ. Vous paraissiez un peu distant…… mais ce n’était qu’apparence et timidité. Il a fallu bien sûr s’ajuster, mais au fil des rencontres, j’ai découvert un homme très à l’écoute, très respectueux, ayant le souci des choses bien faites, bien cadrées. J’ai découvert aussi votre grand sens de l’humour, pas forcément perceptible de prime abord.De solides liens d’amitié se sont ainsi créés.
Je sais que bon nombre de paroissiens ont cheminé avec vous de la même manière, découvrant au fil des mois, des années, un homme juste et droit, un prêtre qui avait le souci constant de ses paroissiens , un homme de bon conseil, un homme à l’écoute., toujours disponible, malgré votre autre mission diocésaine d’exorciste.
Vous aviez aussi le souci de faire l’unité de notre grande paroisse, ce qui n’était pas chose aisée du fait d’un vaste territoire géographique et de sensibilités différentes. Votre immense foi était un témoignage aussi pour nous, une foi non seulement en paroles, mais en actes, et ceci dans la plus grande discrétion.
Toujours avec ce grand sens du respect qui vous caractérisait, vous vous êtes inscrits dans notre histoire Bressane et dans le cheminement pastoral qui avait été celui de vos prédécesseurs. Vous avez su aussi par nombre d’initiatives, marquer notre paroisse de votre empreinte, de votre rayonnement. Et cette Bresse, vous avez su en découvrir les richesses, en un mot, l’aimer, elle et ses habitants. ;… qui vous avaient aussi adopté et apprécié.
C’est un prêtre que nous pleurons aujourd’hui, mais c’est aussi un ami.
A Dieu, Père André et merci pour ce que vous nous avez apportés.

Anne-Marie Goux
A titre personnel mais aussi au nom des paroissiens

André, Père André comme je vous appelais lorsque que vous étiez curé de la paroisse de la Sainte Trinité à St Germain du Bois, c’est avec une profonde émotion que j’ai appris la nouvelle de votre mort.
Lorsque j’ai appris que votre famille souhaitait que je témoigne de votre vie pastorale, plein d’images se sont bousculées en me remémorant les 16 années que j’ai passées à vos côtés comme secrétaire paroissiale et LEME en catéchèse. Il est difficile de séparer l’image du prêtre de celle de l’homme que vous avez été pour moi.
Puis les premières pensées se sont mises en place en déroulant le fil des journées passées au secrétariat. Comme quand chaque matin vous m’accueilliez par un « bonjour », un « comment allez-vous ? » par un sourire ou quelque fois même par une petite blague. Puis nous nous mettions au travail.
D’une rigueur impressionnante vous dirigiez votre paroisse d’une main de maître mais lorsque l’on pouvait lire votre rictus sur votre visage on savait qu’un souci vous préoccupait.
Mais je garderais de vous l’image d’un curé, d’un prêtre, qui cachait sa timidité derrière une silhouette imposante qui pouvait impressionner beaucoup de vos fidèles mais qui était celle d’un homme attentif aux autres, à l’écoute de tous, toujours dans une discrétion absolue. Un curé soucieux de la bonne forme de sa paroisse et de ses fidèles, respectueux de ses aînés. Dans votre fonction d’exorciste, vous avez fait preuve d’une opiniâtreté et d’un dévouement à toute épreuve. Même lorsque vous avez été alité pendant plusieurs semaines à la suite de votre chute ou encore pendant votre maladie.
Je me souviens également de certaines célébrations ou vos homélies avaient le don de nous bousculer de nous faire réfléchir sur notre vie spirituelle. Habité par Jésus vous saviez nous faire passer cet amour de Dieu. C’est également lors de nombreux partages d’évangile avec le Père Collaudin que nous pouvions échanger sur nos différentes expériences et vie de foi et que vous me surnommiez en rigolant « votre vicaire ».
C’est finalement à votre enseignement que je me suis mise en route sur le chemin de Confirmation. vous avez eu l’intelligence de me faire avancer vers le Christ et affiner ma foi. C’est tout naturellement et avec évidence que je vous ai demandé d’être mon parrain de confirmation et c’est avec émotion et grande joie que vous avez accepté. Un lien qui nous unit à jamais.
Avant tout c’est cette image d’un homme sensible et émotif que je garderai de vous comme quand je vous ai vu pleurer pour la première fois lors du décès de votre maman. Vous vous étiez laissé aller à montrer vos émotions. Un moment difficile à passer pour vous.
Une vie privée qu’avec discrétion j’ai appris à découvrir. Vous m’appeliez lorsque en rentrant de vos pèlerinages à Lourdes, de vos vacances d’été, ou de vos fêtes de famille vous aviez besoin d’aide pour confectionner des diaporamas avec la multitude de photos que vous aviez prises lors de ces occasions. Vous disiez toujours : « Vous avez quelques minutes à m’accorder »  » je crois que j’ai un problème « . « j’ai du faire une mauvaise manipulation à l’ordinateur ». Vous étiez heureux de me faire partager vos périples ou encore fière de me présenter votre famille.
Depuis votre départ en retraite de la paroisse nous avons continué à prendre mutuellement de nos nouvelles par mail ou par téléphone ou encore partager un moment convivial lors de nos visites à Salornay.
C’est malheureusement lors des funérailles de votre soeur Christiane que je vous ai vu pour la dernière fois. Une épreuve terrible pour vous, vous qui étiez déjà très affaibli par votre maladie.

 Valérie Mimeur
Secrétaire paroissiale à Saint-Germain-du-Bois