J’ai souvenir d’un modeste cimetière de campagne dont une pierre gravée portait cette inscription : « Ici le voyage se termine. Aujourd’hui c’est pour toi. Demain pour moi. Heureux celui qui marche dans le chemin de la vertu ».

Pour toi, la vie fut un grand voyage, ou mieux encore un pèlerinage. Il se termine dans le secteur paroissial d’Oraison dont tu n’oubliais jamais aucune des onze paroisses, si petite fût-elle. Au retour d’un pèlerinage à Lourdes, il se termine ici, où s’ouvre pour toi le chemin de la résurrection.

Pour toi ce fut aussi la marche d’un « homme heureux ». Je ne pourrais énumérer ici toutes les activités du secteur paroissial, et encore moins toutes tes activités personnelles, mais en toutes circonstances, chaque rencontre avec toi était celle d’un père heureux entouré de ses enfants.

Pour toi ce ne fut pas n’importe quel chemin. C’est le chemin droit, le droit chemin, celui qui va droit au cœur, celui qui ne s’embarrasse pas d’arguties, celui qui ne finasse pas. Comme on aimait ton verbe haut et clair d’où toute langue de bois était bannie. Quelquefois on était un peu surpris par ta vivacité, ta franchise brutale et tonique. Ce n’était pas toujours un langage d’ecclésiastique. Mais c’était toujours celui d’un père, d’un pasteur qui faisait aimer notre Mère l’Eglise.

Après un cheminement de plusieurs années, j’ai découvert la force invincible de cette « vertu » qui nous mettait tous en marche à ta suite, jeunes et vieux, venus d’ici et d’ailleurs, pratiquants et mécréants. Ces jours derniers je lisais que le Cardinal Duval, archevêque d’Alger, à la fin de sa vie, avait déclaré : « Tout mon apostolat, je peux le résumer en un mot : Amitié. Je crois en la puissance révolutionnaire de l’Amour fraternel ». Je compris alors que c’est de cette vertu de l’Amitié dont, mon cher Yves, tu nous as comblés. Cette vertu dynamique qui rassemble des étrangers et en fait des frères.

Ici le voyage se termine. Grand merci, Père, pour ce que tu nous as donné. Adieu !

Eglise d’Autun – Maurice Esmiol