Abbé le Clainche, Père, c’est ainsi que pendant quatre ans, de 1978 à 1982, je vous ai appelé, vous le directeur du lycée la Colombière. Vous reveniez d’Afrique et aviez accepté, provisoirement de diriger ce lycée, un « provisoire » qui aura duré quatre ans. Un travail qui ne vous passionnait pas à 100%, l’administratif en particulier. C’était un trop grand contraste avec ce que vous aviez vécu au Bénin.

Aujourd’hui, je veux témoigner de quelques bons moments. Je veux témoigner de votre bonté.

Je veux témoigner aussi de votre pédagogie de l’intelligence, à vous le philosophe ; je me sers encore de votre grille de lecture du temps utilisé par des élèves pas bien conscients de l’importance du temps à accorder au travail, aux loisirs et aux autres. Passion d’expliquer, passion d’exiger, passion de faire grandir, passion de faire découvrir ses passions chez l’autre.
Je veux témoigner encore de votre souci des plus petits, des plus pauvres. Sainte colère que votre passage dans chacune des classes au lendemain de la découverte d’une razzia des internes dans les réserves de la cuisine, vous qui reveniez du Bénin où l’on sait le prix d’un sac de farine. Vous en avez surpris plus d’un, chez les jeunes comme chez les professeurs. Vous leur disiez le mal-développement en Afrique.

Quel geste fort enfin, que votre décision de rejoindre Quach Vinh, Michel Tanvez dans leur grève de la faim, à l’église Saint-Paul à Chalon. Vous avez mis du monde en route : comité de soutien, nouvelle association « Paix et liberté au Cambodge » ; que de talents réunis pour nous tourner vers le Cambodge où le Khmers rouges massacraient les Khmers blancs.
Missionnaire en Afrique, passionné de pédagogie moderne, amitié franco-cambodgienne, éveilleur d’intelligence, ouvreur à l’universel dans un monde de plus en plus complexe à comprendre, veilleur d’une nuit de l’Ascension à Laives avec des jeunes des aumôneries de Chalon, musicien, vous jouiez très bien du piano, je pourrais continuer.

Vous avez été un compagnon de route, révélateur de la présence mystérieuse de Jésus à nos côtés, dans les jours de bonheur comme dans les jours les plus sombres. Vous êtes dans le face à face avec notre Dieu d’Amour.

Eglise d’Autun – Annie Bouteloup