1946 : Je suis né le 30 mars à la Porte de Montreuil un quartier populaire du XXe arrondissement de Paris issu d’au moins trois générations de Parisiens
Dans ma dix-septième année, je rentrais dans le monde du travail. Parallèlement je suivais des cours du soir pour passer un BTS en mécanique.
J’étais à la JOC et c’est bien grâce en partie à la JOC que j’ai pu devenir ce que je suis, la JOC m’aidant à réfléchir sur les autres, sur moi-même, me faisant réaliser mes racines, mon milieu. La JOC me faisant découvrir le sens de l’autre, les valeurs ouvrières de solidarité, de justice et de fraternité, me faisant découvrir que pour œuvrer dans le monde, il fallait être compétent, la promotion sociale était importante.
1968 : Dans l’usine où je travaillais j’avais monté avec des copains de l’entreprise, un syndicat (la JOC n’était pas étrangère à cela, ni mon cahier de militant qui m’aidait à regarder la présence de Dieu dans les autres grâce aussi au prêtre qui m’accompagnait)
1969 : J’ai quitté l’entreprise pour partir à l’armée
1971 : Avec Jeanne, nous nous sommes mariés en décembre, et nous avons donné naissance à trois enfants. Nous sommes restés en région parisienne (Seine-Saint-Denis) jusqu’en juin 2006
Les vingt-six dernières années de ma vie professionnelle se sont déroulées dans le service d’assainissement des Hauts-de-Seine, où j’étais responsable des stations de pompage
C’est le comité de secteur d’ACO qui nous a interpellés en vue du diaconat
1997 : J’ai été ordonné diacre permanent le 28 juin dans l’église des Lilas du diocèse de Saint-Denis
2006 : En retraite
2006 : Arrivée en Saône-et-Loire
2011 : Secrétariat national de la Mission Ouvrière
A mon ordination, de nombreux collègues du service d’assainissement étaient présents, fiers : par moi, (un des leurs) ils se sentaient aussi reconnus par l’Eglise.
Je peux témoigner que l’ordination a été pour eux une révélation du vrai visage de l’Église. Ils s’en sont toujours souvenus et si je suis resté toujours le même, (ce qu’ils souhaitaient), une nouvelle relation était née. A mon départ en retraite, nous avons fait une grande fête : Eucharistie d’action de grâce suivie d’un repas partagé. Là, a été ma mission principale.
En 2006, avec Jeanne, nous avons fait le choix de nous installer en Saône-et-Loire, dans un village que nous connaissions déjà. Nous sommes heureux d’y accueillir aux vacances scolaires nos six petits-enfants.
Nous avons été très bien reçus par notre évêque, la communauté des frères diacres, par les paroissiens de Saint-Jean-Baptiste des Trois Rivières et par notre village. Je dis « notre » parce que je me sens vraiment partie prenante de St-Loup-Géanges. Avec Jeanne, nous faisons partie de plusieurs associations, c’est important pour un diacre (comme pour toute personne) d’être enraciné dans la vie locale, nous allons comme bénévoles au Resto du Cœur à Verdun-sur-le-Doubs. Là aussi, rencontrer ceux qui sont démunis me semble un élément naturel de notre foi, rencontres hors du sérail de notre Eglise. Nous sommes à l’union locale CFDT des retraités à Chalon-sur-Saône.
Au plan ecclésial, j’ai accepté avec d’autres d’animer le groupe des diacres en monde ouvrier au niveau national et à ce titre je suis au secrétariat national de la Mission Ouvrière (ce qui me conduit à retourner à Paris une fois par mois). Depuis mon arrivée sur le diocèse, le père Benoît Rivière nous a confié avec un autre prêtre et un laïc la responsabilité de délégués de la Mission Ouvrière sur le diocèse.
Le père Bernard Sulpis nous a demandé d’accompagner au niveau de la province, les candidats au diaconat, qui cette année 2011/2012 ont commencé la formation.
Au sein de ma communauté paroissiale, j’essaie de prendre ma place de diacre en laissant la place et toute leur place aux laïcs et aux prêtres.
J’aime beaucoup cette phrase que j’ai entendue de Mgr Gaillot que je fais mienne : « Nous ne sommes pas faits pour la survie de l’Église, mais pour le salut de l’humanité, l’Église est d’abord faite pour ceux qui n’y viennent jamais ».
Pour moi vivre la triple diaconie de la parole, liturgie et charité dans mon ministère se traduisent pour :
– La liturgie : pour moi, c’est tout ce qui touche au sacré, y il a le sacramentel telle l’Eucharistie et autres, la prière, etc., mais cela serait sans consistance si la liturgie ne touchait pas tout ce qui touche le sacré. Le sacré c’est ce qui touche à la vie, au travail, à la culture, la famille, l’homme, la femme, les loisirs… tout ce qui est humanisation. C’est pourquoi tout ce qui touche à la vie de l’Homme est sacré. La politique, l’engagement social, associatif, etc., font partie du sacré et qui donne de la solidité, force, ténacité, à ma prière à ma présence à la table eucharistique, à mon ministère de diacre. Il ne faut pas avoir peur de mettre les mains dans le cambouis. « N’ayez pas peur » nous disait Jean-Paul II et nous dit Benoît XVI.
– La parole : ce n’est pas seulement la proclamation de l’Évangile ou les homélies. Cette parole n’a de sens que dans la rencontre avec ceux avec lesquels je vis. Comment je donne une parole vraie parole, en vérité. C’est aussi comment j’écoute ce que les gens me disent, comment je leur donne la parole, je la reçois et la respecte, comment je suis attentif à ceux à celles qui n’ont pas la parole, à qui ont ne donne pas la parole, à tous les sans, abris, papiers… tous ceux qui ne peuvent pas s’exprimer ou qu’on n’écoute pas. C’est aussi à travers leur silence, le silence qui est aussi parfois parole.
– La charité : dans mon ministère, la charité n’est pas que : assistance, aide, secours, générosité, philanthropie, serviabilité. Si cela n’est pas accompagné par de l’amour. C’est la fameuse hymne de saint Paul aux Corinthiens 13, 1,8. Et vécu « dans et hors » église avec pour moi cette priorité, dans ce ministère du seuil d’être attentif un peu plus au-dehors qu’en dedans, mais en tenant toujours les deux bouts.
En conclusion, je suis un diacre heureux.