Le partage de vie avec des populations en grande précarité pendant treize ans au nord Cameroun, puis en France avec les demandeurs d’asile et de familles appartenant au quart-monde, et maintenant désormais avec des personnes marquées par le grand âge en résidence ou en hôpital, et la constatation du mal-développement considéré comme promotion séduisante (surproduction et surconsommation) ont suscité en moi deux convictions

– Il n’y aura jamais et nulle part un « Paradis sur terre », surtout si cela devait être pour quelques privilégiés dans l’indifférence à l’égard des populations dans la misère. Piège de la tentation permanente des paradis illusoires, trompeurs.

– Par contre, certitude que Dieu, Créateur et Père, a initié le projet qui réussira, le « Royaume », pour lequel Jésus-Christ a accompli l’essentiel, le décisif.

Dans l’attente de l’accomplissement du projet, Dieu ne peut pas se résigner à la passivité devant la misère effective de tant de personnes. Il encourage résolument les humains à réaliser des « anticipations » de la vie vraiment juste, fraternelle, harmonieuse, anticipations du Royaume, laborieuses, limitées, mais combien précieuses, encourageantes et motivantes, appelées à être contagieuses dès ici-bas.