1905 : Naissance le 17 mars à Chalon-sur-Saône
Etudes à Rimont et à Issy-les-Moulineaux
1930 : Entre au Monastère de La Pierre-qui-Vire
1931 : Fait profession monastique le 2 juillet
1935 : Ordonné prêtre le 30 juillet
1939 : Mobilisé, il est fait prisonnier de guerre près de Munich
1942 : Il doit être amputé de la jambe gauche
Enseigne à l’école abbatiale du monastère (possède une licence en lettres) tout en poursuivant des travaux historiques
Publie une biographie de saint Abbon de Fleury
1956 : Publie un remarquable « Précis d’histoire monastique » de 600 pages
1958 : Effectue un séjour à Rome en la maison généralice de la Congrégation
1968 : Aide les chapelains de Paray-le-Monial
1980 : Chapelain d’une communauté de bénédictins handicapés à Sauvagnac, diocèse de Limoges
1994 : Décède le 18 novembre
Le Père Cousin est né chez nous à Chalon-sur-Saône en 1905, le jour de saint Patrice. Elevé sévèrement par sa mère, il fut envoyé à Rimont avec l’obligation de tenir chaque jour son ‘’journal’’. Parmi ses professeurs, à côté du P. Henry, professeur de mathématiques et qui ne sut jamais compter, il y avait le futur chanoine Jean Combier auquel s’attacha le petit Jean Cousin. Après Rimont, Jean Cousin fit ses études à Issy-les-Moulineaux, il entra à La Pierre-qui-Vire en 1930, y fit profession le 2 juillet 1931 et fut ordonné prêtre le 30 juillet 1935.
Mobilisé en 1939 et fait prisonnier de guerre, il vécut dans un camp près de Munich, et là il dut être amputé de la jambe gauche, ce qui occasionna son rapatriement. A La pierre-qui-Vire, il enseigna à l’école abbatiale (il possédait une licence en lettres) tout en poursuivant des travaux historiques. Il publia d’abord une biographie de saint Abbon de Fleury, puis, en 1956, un remarquable « Précis d’histoire monastique » de 600 pages.
Il collaborait aussi à « L’Ami du Clergé » (Esprit et Vie), recensant scrupuleusement les ouvrages qu’on lui envoyait : dans l’ensemble il était bienveillant pour les auteurs, mais ne manquait jamais non plus de leur prendre quelques puces sur le nez. En 1958 il fut envoyé à Rome à la Maison généralice de la Congrégation : en 1968 il vint à Paray-le-Monial où il resta jusqu’en 1980.
Là il retrouva son cher Père Combier, curé de la basilique, et ce dernier prenait un malin plaisir à taquiner à table Dom Patrice.
Les repas se passaient en joutes verbales entre les deux, ce qui réduisait au silence les autres chapelains. A Paray, Dom Patrice rendait de grands services, célébrant le matin la messe des Visitandines et assurant des heures de confessionnal. C’était un prêtre pieux – sans mysticisme – estimé de ses philothées. En revanche, lorsqu’il prêchait, toujours longuement, l’érudit pointilleux ressurgissait.
Encyclopédie vivante, on pouvait l’interroger sur tout… « et quibusdam aliis ». Revenant avec lui d’Espagne, il me demanda de passer à Agde pour y voir la cathédrale. Volontiers je l’y conduisis. Or il venait d’avoir un décollement de la rétine, qui le laissa borgne. Sans rien alors regarder de ce vieil édifice, il me le décrivit avec précision : sans doute tenait-il tout cela d’un ouvrage qu’il avait lu et entièrement retenu…
Disert et bavard, il n’en était pas moins d’une discrétion étonnante. Jamais personne ne l’entendit se plaindre de ses infirmités, dont il souffrait pourtant. J’ai été profondément édifié par ce silence qu’il gardait sur ses peines physiques et morales. C’est ce que l’on peut appeler de la « vertu ».
En 1980 il partit comme chapelain d’une communauté de bénédictins handicapés à Sauvagnac, diocèse de Limoges. Dans sa dernière lettre il me disait que, chaque jour, il leur adressait une homélie (les pauvres ! pensais-je…). Jusqu’au bout, il lui fallait exprimer le trop-plein de son savoir et de sa foi. Dieu le rappela à Lui le 18 novembre et il fut inhumé à La Pierre-qui-Vire le 21.
Ainsi vécut ce moine né chez nous, ancien élève de Rimont et qui, pendant douze ans, fit un excellent travail à Paray. Dès que j’appris son trépas, j’imaginai la rencontre là-haut, de Dom Patrice avec le chanoine Combier. Ils doivent tenir de longues conversations paradisiaques et, dans une charité sans feinte, continuer à se taquiner !
Eglise d’Autun – Jean Ladame