On l’appelait familièrement Bob ». Sa situation de « curé provisoire », ce qui l’amusait, durera toute sa vie de curé. Grand musicien, surtout pianiste, c’était un érudit. Un exemple : quand on parlait du slogan de mai 68 « La culture, c’est comme la confiture : moins on en a, plus on l’étale », il était capable de nous dire dans quel livre du Marquis de Sade se trouvait cette citation.

Jean Carimentran

Nous savons que ce passage vers l’autre vie, passage qu’il redoutait beaucoup, l’a soulagé de souffrances difficiles. Son départ a surpris, mais le Père Billard n’a-t-il pas souvent surpris et étonné au cours de sa vie ?

Né tout près de Savigny, il n’a pas connu son père et a perdu plusieurs des siens dans des conditions difficiles. On dit que cela lui a forgé son caractère attachant et pittoresque. Robert Billard n’est-il pas l’homme des paradoxes. En avance sur son temps et très attaché aux valeurs de toujours… Un grand cœur, sous des dehors bourrus… L’homme de la vie au grand large, et le prêtre très fidèle à la prière de l’Eglise.

Après un temps de ministère à Mâcon, après les vicissitudes de la période de la guerre où il fut fait prisonnier, Bob arrive à Savigny-en-Revermont en 1945. Il étonne, il s’y intègre tout en connaissant des difficultés à être vraiment accueilli dans un premier temps… Et tout au long de cette longue présence dans ce village, il participe à sa vie, à ses projets, à ses associations. Qui ne le connaît pas ? La chasse, la lecture, la passion pour la musique et les langues étrangères, la restauration de l’église, son soutien fidèle aux pompiers, sans parler de la période des pansements, des piqûres. Sans oublier non plus les conversations où il aimait analyser la société avec finesse et pertinence. Avec d’autres, le Père Billard a recréé la race d’épagneuls de Saint-Usuge… Ce furent de grands moments de sa vie.

Sa famille a tenu pour lui une grande place, sans oublier ses filleules. Comme beaucoup de prêtre, hier et aujourd’hui, le Père Billard a accompagné une multitude de personnes, dans les moments heureux comme dans les situations difficiles.

Il était inquiet des dérives de la société actuelle…. Il respectait une évolution de l’Eglise qu’il ne comprenait pas forcément toujours. Sa franchise et sa sensibilité cachée ont fait de lui un homme du Christ, qu’il a servi et aimé au cœur de la vie. Car Bob aimait la vie, et c’est au cœur de tous ses bons moments que ce vivant a aimé son Dieu !

Eglise d’Autun – Dominique Oudot