1925 : Naissance le 1er avril à Dettey
Etudes à l’institution Saint-Lazare puis au Séminaire d’Autun
1949 : Ordonné prêtre le 2 avril
1949 : Vicaire à Givry
1950 : Curé de Saint-Forgeot et Reclesne
1955 : Curé de Dompierre-les-Ormes et Meulin
1958 : Curé de Châtenoy-le-Royal
1972 : Curé de Saint-Marcel, Saint-Germain-du-Plain, Saint-Etienne-en-Bresse et Baudrières
1980 : Responsable du secteur pastoral d’Etang, chargé d’Etang et de La Comelle
1988 : Chargé de La Chapelle et Uchon
1989 : Chargé de Mesvres
1990 : Curé de Génelard, Marly et Oudry
1993 : Administrateur de Palinges et annexes
1994 : Curé de l’ensemble inter paroissial de Gibles
1995 : Décède le 4 juillet
Du Père Berthin je dirai qu’il fut un homme simple, un bon serviteur de l’Eglise, un prêtre passionné.
Il fut un homme simple. De ses origines rurales il avait gardé cette simplicité faite de bon sens et de modestie. S’il faisait tout avec sérieux, il ne se prenait pas lui-même au sérieux. Dès la première rencontre, on était à l’aise avec lui. Toujours spontané, souvent drôle, il avait le don de la relation directe et cordiale. Il aimait la joie de la camaraderie et de l’amitié. Toujours prêt à vous offrir le café ou l’apéritif, il avait un sens inné de la convivialité. Il aimait les repas entre amis et les banquets de société.
Mais à mes yeux, cette simplicité avait son originalité. Hugues avait une grande capacité d’émerveillement et parfois il donnait l’impression de découvrir le monde chaque matin d’un regard neuf et étonné. A cause de cela, il était familier des propos enthousiastes, inattendus, parfois naïfs, mais de cette naïveté de l’enfant qui découvre combien le monde est beau et combien sa maman est jolie.
De fait le Père Berthin aimait les enfants dont il se sentait proche. Les rencontres de catéchisme étaient pour lui une grande joie et j’ai toujours vu sur sa table de travail, à Châtenoy, à Saint-Germain et ailleurs, des piles de cahiers de catéchisme et des polycopies prêts pour le catéchisme du lendemain.
Il fut un bon serviteur de l’Eglise. Il eut toujours le souci d’être en bonne intelligence avec ses évêques successifs. Bien sûr, il lui arrivait de râler devant telle ou telle décision du diocèse et, comme le fait bien chaque prêtre plusieurs fois par an, il s’exclamait par-fois : « Mais à quoi songent-ils à Autun ? ». Il lui arrivait de souhaiter une Eglise plus compréhensive et plus ouverte ; à cet égard il m’a parfois étonné. Tout cela n’empêchait pas son amour de l’Eglise, mais l’exprimait.
Cette volonté de servir l’Eglise, le Père Berthin en donna la plus belle expression dans la facilité avec laquelle il accepta les diverses affectations qui lui furent proposées. Il m’est arrivé, au moins deux fois, de lui porter la mauvaise nouvelle et de lui parler d’un éventuel changement. Chaque fois il accepta sur le champ, sans discuter. A la façon d’un soldat. Parfois il devançait et anticipait les souhaits des responsables du diocèse. Ainsi à Génelard, quand le besoin d’un réaménagement des paroisses se fit sentir, il prit les devants : « Si, pour réaliser vos projets, vous pensez que je dois partir, n’hésitez pas à me le dire ».
L’avenir de l’Eglise ne pouvait pas ne pas le préoccuper. Cela n’a sans doute aucun sens, mais j’imagine cependant qu’aujourd’hui, sur le seuil de son éternité, il est confus de laisser la tâche de façon si prématurée et de quitter, plus tôt que prévu, cette communauté de Gibles qui, depuis le décès du Père Bidollet, va de prêtre en prêtre et ne sait peut-être plus où elle en est. Et puis, Hugues savait bien qu’une question reste aujourd’hui sans réponse : « Qui célébrera demain les sacrements dont les hommes ont besoin dans leur rencontre de Dieu ? ».
Hugues fut enfin un prêtre passionné. Aussi prompt à l’enthousiasme qu’à l’imagination ; indignation au spectacle de la médiocrité, de l’indifférence, de l’infidélité qui, trop souvent, sont nos réponses à l’initiative de Dieu.
Il était à la fois pressé et patient. J’ose le dire : à la façon de Dieu. Notre Dieu, selon la Bible, est un Dieu pressé de voir son peuple revenir à lui, ne supportant pas les hésitations et les infidélités. Annonçant les pires châtiments ; mais aussi un Dieu patient, « lent à la colère et plein d’amour », pardonnant aussi souvent que nécessaire. Et nous voyons Jésus fustigeant les pharisiens et chassant les vendeurs du Temple, mais aussi Jésus l’ami des enfants et des faibles, aimant et pardonnant jusqu’à la fin, car « il sait trop bien ce qu’il y a dans le cœur de l’homme ».
Il me semble qu’à sa façon, le Père Berthin partageait cette passion contrastée, paradoxale, de Dieu. Il s’emportait parfois en voyant ses paroisses et d’une façon plus générale notre civilisation s’engluer dans l’obsession de l’avoir ; avoir toujours plus, plus d’argent, plus de loisirs, plus de plaisirs. Mais en même temps il reconnaissait combien la vie est dure pour certains : vie de travail ou de chômage, vie de famille, vie en société et il voyait bien que le chemin de la sainteté n’est pas aisé.
Alors notre communauté de ce matin peut se constituer sur cette conviction qui était celle de notre frère Hugues. Exigeant, parce que Dieu supporte mal de nous voir enlisés dans la mesquinerie, la bassesse, l’inconstance. Car il nous attend ailleurs, là où tout devient peu à peu beauté, générosité, fraternité, tendresse. Dieu nous attend sur ce chemin-là qui conduit à lui. Allons résolument à lui sur ce sentier où Hugues nous a précédés, de quelques encablures seulement.
Eglise d’Autun – Père Emile Duhesme