1913 : Naissance le 11 juillet à Coublanc
1937 : Ordonné prêtre le 29 juin
1937 : Vicaire à Lugny
1951 : Curé archiprêtrede Montpont
1969 : Curé de Champlecy et Baron
1988 : Se retire à la Maison Saint-Antoine à Autun
1994 : Décède le 22 février à Autun
Il est des hommes et des femmes qui ont le don de vous réconcilier avec la vie. Le Père Berthillot était de ceux-là. Aviez-vous passé un moment en sa compagnie, vous repartiez réconciliés avec la vie, réconciliés avec vous-mêmes, avec les autres, avec Dieu. Sa façon d’être, sa belle et haute stature, son sourire toujours malin, parfois taquin, son intelligence très fine, tout, chez lui, était équilibre, sérénité, bonté, paix. C’était un passionné, mais il savait dominer ses passions. C’était une force de la nature, mais il savait endiguer cette force.
De lui, je dirai plus simplement : il aimait la vie.
Il aimait la terre et la nature. Faire son bois et le débiter, cultiver son jardin, aller aux champignons, c’est ainsi qu’il gardait contact avec la nature et qu’il partageait la vie des hommes et des femmes à qui il fut envoyé à Lugny, à Bantanges, à Montpont, à Champlecy-Baron. Il aimait l’effort physique par lequel un homme peut se construire et se réaliser. Cela pouvait aller chez lui jusqu’à la performance ; ainsi, plusieurs fois, il fit le pèlerinage à Lourdes en vélo.
Il aimait la vie en société, les clubs et associations, les moments et les lieux de convivialité. Il aimait le jeu, la manille, la belote, le tarot, comme il aimait les mots croisés et les jeux radiophoniques où il excellait.
Il aimait les enfants et il me semble que lui-même a su garder une âme d’enfant. Il aimait ses neveux et petits-neveux ; il aimait les enfants de Montpont pour qui il avait fondé une colonie de vacances ; il aimait les enfants d’ici et l’installation de la cantine scolaire dans le presbytère fut pour lui une grande joie, car elle lui permit de partager ses repas de midi avec les enfants.
Il aimait son pays et dans les années 40 il fut un résistant dont le courage fut reconnu de tous ; cela était une des fiertés de sa vie.
Il aimait ses paroissiens. Je puis en témoigner : jamais je ne l’ai entendu dire du mal de ceux et celles que l’Eglise lui a confiés. Mais sachons-le bien, il n’était pas naïf. Certains jours, il voyait bien les défauts et faiblesses des uns et des autres, les lourdeurs et pesanteurs de ses communautés chrétiennes. Mais il refusait la sévérité, car cet homme si sage savait qu’avant d’être sévère pour les autres, il faut l’être pour soi. Il n’était pas le rabâcheur, le donneur de leçons, le faiseur de morale. Mais il rejoignait chacun là où il en était, fût-ce dans les pires égarements. Il essayait de le comprendre, de l’aimer et d’avancer avec lui vers une vie meilleure. C’est là qu’il était vraiment le pasteur.
Il aimait l’Eglise dont il avait suivi et approuvé l’évolution depuis le dernier Concile. Lui qui a toujours refusé d’être un notable, il se réjouissait de ce que l’Eglise veuille être servante et pauvre, simple et proche des hommes. Cet amour de l’Eglise, il l’a manifesté par le souci des vocations qui était très fort chez lui, à la fin de sa vie tout spécialement.
Il aimait l’élan missionnaire de l’Eglise. C’est dans un esprit résolument missionnaire qu’il débuta son ministère en Mâconnais puis en Bresse. Et bien plus tard lorsqu’il songea à une demi-retraite, il envisagea de se retirer dans l’Yonne où il connaissait des paroisses sans prêtres ni eucharisties. Il voulait y aller, au moins pour dire la messe…
… S’il vous laisse un message, c’est bien celui-ci :
« Nous avons vécu de belles choses ensemble. Mais continuez de vivre, continuez votre vie chrétienne autrement. Vous direz peut-être que trop de choses ont changé et que les temps sont durs. Mais sachez-le : Dieu est plus fort que vos craintes et appréhensions. L’Eglise continue. Son visage sera modifié, mais qu’importe, du moment que sur son visage à elle puisse toujours se refléter le visage de Dieu, de Dieu qui est notre joie maintenant et toujours, sur la terre où vous êtes encore comme au Ciel où je vous attends ».
Eglise d’Autun – Père Emile Duhesme