Le 25 janvier 1959, Jean XXIII surprend tout le monde en annonçant la convocation d’un Concile ! Et la surprise fut encore plus grande quand il annonça à l’ouverture du Concile, que « l’Eglise, c’est d’abord l’Eglise des Pauvres ». Une phrase inattendue, comme furent inattendues les interventions d’évêques des pays pauvres évoquant leurs diocésains sans pain, sans toit, sans travail !
Le Père Rodhain, fondateur du Secours catholique, participa à tout le concile. D’abord, comme « expert » invité, puis comme suppléant du Cardinal Richaud, après que ce dernier fut tombé malade : « J’ai tout à apprendre », disait alors le Père Rodhain ! On peut dire qu’il apprit vite… et que son rôle, dans les commissions et les réunions, fut souvent de premier plan.
Parmi ses « succès », il y eut le rétablissement du diaconat permanent, le travail d’éveil (des catholiques) et de pédagogie de l’action caritative (faire « avec » les personnes en difficulté, et non pas « pour » elles). Il souhaitait aussi que le Pape et les pères conciliaires fassent un « signe » aux yeux du monde. Cela viendra par le biais du patriarche melchite Maximos IV, un poids lourd du concile, qui demande la création, à Jérusalem, d’un lieu d’accueil pour les plus pauvres ; ce sera la Cité Abraham qui continue, aujourd’hui, à recevoir des pèlerins de la terre entière, des séminaristes, et des réfugiés palestiniens.
Et en Saône-et-Loire ?
L’année de l’ouverture du concile, 1962, voit la fin de la guerre en Algérie. Ce qui veut dire accueil : accueil des rapatriés, souvent très démunis, et surtout des harkis, qui sont eux totalement démunis. La délégation de Saône-et- Loire s’organise pour développer cet accueil et donner un peu de chaleur à ces gens que l’on n’attendait pas.
Ce fut aussi la création du Comité Catholique contre la Faim (qui deviendra plus tard le CCFD) : Jean Vieillard, le permanent du Secours catholique, anime pendant plusieurs années la campagne de carême du CCCF.
En 1968, les soubresauts de la société amènent beaucoup de personnes dans les accueils du Secours catholique : on n’a plus d’argent, les banques sont fermées et il n’y a pas, à ce moment, de cartes bancaires !
1973, Chalon lance l’opération « Ville Nouvelle » et la délégation est consultée : que faire des personnes qui vivent dans les taudis du centre-ville ?
Mai 1973, puis 74-75, c’est la grande sécheresse en Afrique. Urgences, et micros-réalisations éducatives sont développées.
1975, 1.100 « boat-people » du sud-est asiatique sont accueillis dans le Brionnais, le Bassin Minier. En quelques années, l’action se porte aux dimensions du monde : nous sommes en plein Concile !
1976-1983 : les femmes seules chargées d’enfants se multiplient : un collectif met en place, à Chalon, un centre d’accueil : l’écluse. Et, notamment dans le Charolais et le Brionnais, l’accueil d’enfants défavorisés se développe pendant l’été.
Hivers 1985-1986 : le froid est terrible. Un restaurant d’entraide est créé à Mâcon par un collectif, avec l’aide de l’Etat.
A partir de 1986, les réalisations se multiplient : « Travail et Partage » à Chalon, qui deviendra « Service contre Service » : la « Banque d’échanges » de St-Gengoux permet aux chômeurs de vivre de leur production ; des magasins alimentaires pédagogiques voient le jour à Chalon, Louhans, Mâcon, Montceau, Le Creusot ; la « Table Ouverte » d’Autun est une formule originale de non-assistance ; la Relance, à Mâcon, donne du travail à plusieurs chômeurs, comme « Pain contre la Faim » à Chalon, etc.
En 1989-1990, chaque chrétien est invité à faire « un grand geste » à Noël : c’est « Noël autrement » ! L’accompagnement scolaire (Chalon, la Clayette, Chauffailles), les cuisines pédagogiques (Montchanin, Digoin) sont des lieux où le « Peuple de Dieu » (comme dit le concile) peut donner toute sa dimension.
En 1992, la délégation joue un rôle important dans les « Rendez-vous de la Solidarité », démarche synodale du diocèse.
Depuis 1996, le Secours Catholique (membre du réseau Caritas mondial) fait pression, par son action institutionnelle, sur les pouvoirs publics pour que les défavorisés retrouvent une place dans la société : pacte contre l’exclusion, voyages vers l’espérance à Lourdes, habitat et humanisme.
Depuis 1996, le Secours Catholique veut « s’associer avec les pauvres, pour construire une société juste et fraternelle ! ». C’est, si l’on peut dire, Vatican II en marche !
Gabriel Lanciau