Nous nous sommes rencontrés à la JOC en 1975. A cette époque, il y avait la JOC pour les garçons et la JOCF pour les filles.
Le mouvement, nous l’avons découvert chacun de manière différente.
André :
Je suis issu d’une famille ouvrière. Mon père était mineur de fond. Il était originaire des Vosges et est venu sur Montceau-les-Mines pour s’embaucher à la mine. Déjà dans les années 50, il fallait quitter son pays pour travailler. Il a milité à la CFTC puis à la CFDT. Il y a eu des combats très durs à la mine. Je pense à la grève des mineurs en 63 qui a duré plusieurs mois. Ma mère a été jociste dans la région lyonnaise et a travaillé comme ouvrière dans le textile. Avec mon père ils ont été en ACO dans les années 60, 70. Ils nous ont transmis à mes sœurs et à moi des valeurs de solidarité. Ne jamais rester indifférent à ce qui se passe là où nous vivons, s’engager.
L’engagement, je l’ai vraiment découvert avec la JOC en 1973. J’étais au lycée. J’ai découvert un lieu où on pouvait partager ce que l’on vivait et où on faisait le lien avec la Foi. La JOC m’a réconcilié avec le milieu ouvrier que je rejetais et m’a permis de comprendre tout le sens que mes parents donnaient à leurs combats et à leur vie.
La JOC ma permis de m’engager presque naturellement dans un syndicat quand j’ai commencé à travailler et pour moi s’engager ce n’était pas simplement prendre une carte, c’était militer, mener les actions avec les copains, être actif dans le syndicat.
Catherine :
J’ai rencontré la JOCF en octobre 1971 quand j’étais en chômage. C’est Monique, une religieuse du Prado, qui m’a demandé si ça m’intéresserait de rencontrer d’autres filles comme moi. J’ai dit oui et ma vie a totalement changé.
J’ai rencontré dans le mouvement des filles qui croyaient en moi, qui m’acceptaient comme j’étais, une accompagnatrice qui m’a fait confiance, qui a cru que j’étais capable d’avancer, de grandir, de devenir responsable de ma vie.
J’ai compris que l’éducation de la vie passait par l’action concrète, que c’était très formateur pour devenir responsable.
La JOCF a travers ce voir, juger, agir m’a permis de m’engager dans la société à travers le syndicat, mais également dans l’Église au service des jeunes de la JOCF et de mes copines à l’usine.
La JOC a fait de moi la femme que je suis devenue aujourd’hui, structurée, équilibrée, engagée, formée, une croyante qui sait que Dieu l’aime et lui demande d’aimer ceux qui sont sur sa route tout au long de la vie. Suivre la Christ n’est pas toujours facile mais il nous fait tellement confiance qu’il nous prend comme nous sommes.
Aujourd’hui, Catherine est accompagnatrice JOC pour aider les jeunes à découvrir et s’engager encore dans le monde et dans l’Église et deviennent responsables dans leur vie. Elle s’est engagée à la CGT et dans une association qui se bat pour le droit au logement, la CNL.
André continue d’être engagé syndicalement à la CFDT dans son travail. Politiquement, il s’est engagé au parti socialiste.
Nous sommes en ACO. Aujourd’hui, c’est le lieu qui nous permet de partager ce que nous font vivre nos engagements et d’approfondir notre Foi.
André et Catherine VOIRIN