1924 : Né le 24 août
1948 : Ordonné prêtre le 13 mars
1948 : Vicaire à Saint-Pierre de Mâcon
1950 : Chargé de l’enseignement religieux des lycées
1958-1967 : Directeur au grand séminaire d’Autun
1985 : Aumônier de Champrouge à Mazille
1991 : Décède le 16 juin
Paul Toinet a su inspirer, autour de lui, bien souvent de l’admiration, et toujours beaucoup de respect.
L’admiration, on la trouvera très grande si on vient la chercher, ici, à la Maison Saint-Antoine, où Paul Toinet a vécu les dernières années de sa vie. On la trouvera dans la mémoire et le cœur des prêtres, des religieuses et de tout le personnel, qui habitent ou animent cette Maison. Qu’y a-t-il, dans un telle maison, de plus admirable que la discrétion ? Or, Paul Toinet a été, ici, parfaitement discret, autant dans ses propres souffrances que dans sa manière de vivre avec les autres, et de leur rendre mille petits services silencieusement.
L’admiration on la trouvera aussi chez tous ceux qui ont eu la faveur de pouvoir mesurer l’ampleur de son intelligence et de son savoir, car chacun pouvait constater qu’il parvenait à mettre l’un et l’autre, au niveau des plus simples, sans condescendance, – et souvent avec humour.
L’admiration, elle peut se trouver enfin dans chacun de nos cœurs de chrétiens, lorsque nous regardons comment Notre Seigneur a conduit la vie de Paul Toinet, en l’appelant d’abord à devenir, grâce à son travail personnel acharné, un professeur et un pédagogue remarquables, un conseiller théologique au plan national, un écrivain… et puis progressivement, le même Seigneur a permis que Paul Toinet devienne un hésitant, un tourmenté, un pauvre, presque incapable de célébrer l’Eucharistie devant trois personnes réunies.
Admiré par beaucoup, dans sa grandeur, Paul Toinet a été admiré sans doute plus encore, par tous ceux qui ont pu être les témoins de son abaissement, car tous ont senti alors qu’il était appelé à communier aux abaissements de Notre Seigneur, dans sa « Passion bienheureuse », comme nous le dirons tout à l’heure, au Canon de la messe.
Mais je suis certain de traduire les sentiments d’un grand nombre en disant que Paul Toinet nous a inspiré beaucoup de respect.
Pour les grands esprits qui savent et qui peuvent nous faire comprendre les grands courants d’idées qui nous emportent, et qui sont même capables de les activer, il est sans doute facile de susciter le respect. Mais, lorsqu’un grand esprit, un peu solitaire, croit devoir, pour obéir à sa conscience, se tenir plutôt sur le bord des courants, pour réfléchir longuement avant de les activer, il n’obtient pas aussi facilement le respect de ses idées. Or, Paul Toinet dans la mesure où il a pu connaître parfois ce type de solitude, a toujours su nous inspirer le respect.
Dans sa recherche passionnée de la vérité, peut-être lui est-il arrivé d’être considéré par certains, comme un juge de son époque, ou même comme un juge des personnes les plus hautement responsables… Nous savons bien que la Vérité, qu’il cherchait, était la seule règle de sa conscience. Nous savons bien aussi que le seul grand mal qui puisse affecter l’Histoire de notre Église n’est pas la contestation : Bernard de Clairvaux, François d’Assise, Thérèse d’Avila… ont contesté fortement des habitudes et des enlisements de leurs époques. Le seul grand mal qui puisse affecter l’Église, c’est l’exclusion. Et chacun sait qu’elle se produit lorsqu’on ne se comprend plus, qu’on ne s’écoute plus et qu’on se sépare.
Paul Toinet n’a jamais exclu personne, ni dans sa charité ouverte à tout homme, ni dans sa pensée puissante, toujours prête à livrer et à expliquer la part de vérité qu’elle détenait. Livrait-il un combat aux plus beaux jours de son activité ? Personnellement je ne le pense pas, car on combat quand on affronte un adversaire.. Paul Toinet n’avait pas d’adversaires : il était un passionné, jusqu’à l’angoisse, de l’interrogation. Il était un chercheur.
Et je peux révéler aujourd’hui devant son cercueil, que dans les plus grands moments de sa recherche, il est toujours venu, régulièrement et humblement, rendre compte des résultats, à l’Evêché d’Autun, devant bien plus petits que lui. Là, il ne se présentait pas en adversaire, et j’ose espérer qu’il n’a jamais eu le sentiment de trouver des adversaires devant lui, et encore moins des juges. C’est dans ces dialogues que nous avons alors senti grandir notre respect pour Paul Toinet.
En ce jour de ses obsèques, que l’on ait été un parent, un condisciple, un ami ou un disciple de Paul Toinet : que l’on ait été professeur ou chercheur de vérité avec lui, ou simplement un bénéficiaire de son écoute et de son ministère de prêtre, tous nous garderons dans un coin de notre cœur une admiration et un respect pour lui. Aujourd’hui, en cette chapelle, les deux sentiments vont s’exprimer par la prière et la célébration eucharistique, offertes pour la paix de son esprit et le repos de son âme.
Dimanche dernier, lorsque la mort l’a frappé, il allait exposer le Corps eucharistique du Christ à l’adoration. Il est tombé à mi-chemin : c’était l’heure pour lui d’être enfin appelé à contempler La Trinité Sainte face à face..
Église d’Autun – Bernard Lambey