1920 : Naissance
1943 : Ordonné prêtre le 24 juin à Autun
1944 : Adjoint de Monsieur Cartier à l’œuvre de la Jeunesse à Mâcon
1946 : Chargé de desservir Flacé-les-Mâcon et Hurigny
1965 : Chargé de préparer la fondation de la paroisse de la Zup de Mâcon, dont il est devenu le premier curé
1973 : Curé de Gueugnon
1984 : En plus, curé de Chassy
1986 : Et en plus, curé d’Uxeau
1986 : Décède le 29 novembre à Gueugnon
Vous aussi, Père Aubry, vous avez gravi la montagne, depuis votre naissance en 1920 à Ivry-Port. Les étapes de votre ascension sont constituées de satisfactions et de sentiments d’échecs. Echecs, certes, lorsque, jeune, vous n’avez pas pu entrer dans la Congrégation des Missions Etrangères de Paris, comme vous le désiriez à l’époque. Echec, quand vous avez subi la guerre où vous avez été prisonnier, et que vous avez été appelé au Service du Travail Obligatoire (S.T.O.). Sentiment d’échec peut-être aussi lorsque les brebis que notre évêque vous a confiées, semblaient avoir le cœur endurci.
Mais ces temps sombres ne sont-ils pas, pour une large part, éclairés par le bénéfice spirituel que le Seigneur vous a donné ? Que de souvenirs extrêmement positifs, de ces temps sombres de votre vie, ne nous avez-vous pas partagés ! Même les temps où vous avez souffert dans votre chair, je sais que vous les avez transformés positivement, grâce au Christ à qui vous aviez donné votre vie lors de votre ordination le 29 juin 1943.
Et puis Mâcon… Quel Gueugnonnais ne vous a pas entendu prononcer ce nom ? Mâcon, où l’évêque vous avait confié les jeunes, puis en 1965, Notre-Dame de la Paix. Mâcon où le travail comme maçon vous a permis de participer à l’élaboration d’une église et de construire une quantité d’appartements. Ce travail de maçon, dans la Z.U.P., vous a permis aussi de vivre une relation amicale ou fraternelle avec bon nombre d’ouvriers français et étrangers. Votre cœur s’ouvrait par là-même à cette dimension du monde que vous n’aviez pu atteindre par les Missions Etrangères.
1973, votre arrivée parmi nous, Gueugnonnais. Le Père Laborrier, appelé à d’autres fonctions à Chalon, vous laisse la responsabilité de cette paroisse à dominante ouvrière, alors en pleine expansion…
Heureux êtes-vous, Père Aubry, parce que toute votre vie vous avez eu faim et soif de justice !
Père Aubry, ouvrier du bâtiment, nous avons ici devant nos yeux, un échantillon de votre travail avec tous les vitraux supérieurs de votre église. Ils sont œuvre de vos mains et de votre cœur. Votre cœur qui était grand et que l’on découvrait immanquablement quand on ne s’arrêtait pas après un premier contact, au cours duquel vous révéliez parfois une carapace un peu rude. Mais pour ceux qui vous connaissaient bien, cette rudesse n’était qu’apparente. Dur devant votre propre souffrance et souvent tendre devant votre interlocuteur, et notamment avec les enfants. Combien de fois nous vous avons vu prendre l’un d’eux dans vos bras…
Heureux êtes-vous, Père Aubry, le Royaume de Dieu est à vous !
Vous êtes parti, Père Aubry, quelques heures après avoir célébré, samedi soir, la messe de ce premier dimanche de l’année liturgique. Dans l’Evangile de ce jour, le Christ nous dit : « Tenez-vous prêts. C’est à l’heure où vous n’y penserez pas, que le Fils de l’homme viendra ».
Ceux qui vous connaissaient bien, savaient que, ignorant bien sûr le jour et l’heure, vous ne vous étiez jamais encombré de tous ces superflus qui surchargent souvent notre vie. Vous avez vécu pauvrement ; et même à certaines heures, vous étiez dans un dénuement que seuls vos proches ont constaté, j’en suis témoin. Et vous ne nourrissiez pas de grief à l’encontre de ceux qui ont pu en être la cause. Vous ne le pouviez pas, car le Christ habitait votre cœur.
Heureux êtes-vous Père Aubry, vous saviez vivre la miséricorde…
« J’espère que la foi et l’espérance vous aideront tous dans ces moments pénibles », disiez-vous dans votre testament. En ce temps de l’Avent où nous nous acheminons vers Noël, le Christ qui vous a déjà accueilli dans ses bras va venir parmi nous.
A l’exemple de votre foi inébranlable, nous essaierons de nous laisser transformer par l’Esprit-Saint pour nous mettre davantage au service de votre Eglise, à Gueugnon…
Eglise d’Autun – Daniel Coutin, diacre